Comment fertiliser un bonsai ?

Fertiliser un bonsai passe d’abord par le choix d’un engrais adapté à ce qu’on veut faire et à l’état de chaque bonsaï. Ensuite, encore faut-il savoir comment s’en servir, quand en mettre et comment le doser.

La première chose à intégrer c’est qu’on ne fertilise que des bonsaïs en bonne santé. L’apport d’engrais constitue également un apport de sels dans le substrat. Sur un arbre faible, ces sels peuvent entrer en concurrence avec les racines au niveau de l’absorption de l’eau alors qu’au contraire on doit essayer de renforcer la photosynthèse et l’acheminement de l’eau dans les tissus pour que le bonsai retrouve de la vigueur.

Dosage de l’engrais

Pour doser un engrais et fertiliser correctement un bonsai, on considère qu’il faut à peu près trois “doses” d’engrais organique pour un pot de 30cm. Par dose, on entend par exemple trois paniers à engrais ou trois sachets, ou encore trois petits tas si vous le disposez directement sur le substrat. Ces quantités sont à adapter pour chaque pot en conséquence.

La dose dans chaque panier sera ensuite à adapter à chaque bonsai et à ce que l’on veut faire. Un panier bien rempli pour un arbre en construction ou réduit de moitié pour un arbre mature ou un arbre pour lequel on commence à travailler sur une ramification fine.

Attention, surdoser un engrais peut avoir des effets plus négatifs que de ne pas en mettre du tout et créer un déséquilibre important au niveau du substrat et du fonctionnement de l’arbre ! L’engrais n’est pas la nourriture de l’arbre, c’est le glucose issu de la photosynthèse qui le nourrit ; trop d’engrais peut entraver ce mécanisme de photosynthèse, en créant un déséquilibre important et en impactant l’absorption d’eau, brûler des racines et affaiblir fortement un bonsai.

Fréquence d’utilisation de l’engrais pour bonsai

A chaque changement d’engrais, on déplacera les “doses” à d’autres endroits du pot pour répartir l’accès aux minéraux par les différentes racines et ne pas créer d’accumulation potentiellement toxiques à certains endroits.

On considère que l’azote (le N de votre dosage NPK) reste disponible quatre semaines environ. On changera alors l’engrais toutes les 4 semaines pour un arbre que l’on veut fertiliser de façon soutenue. Le phosphore, la potasse et les oligo-éléments mettant plus de temps à se dégrader et restant disponibles plus longtemps, il est souhaitable de laisser les anciennes doses en place et de simplement rajouter le nouvel apport d’engrais à d’autres emplacements. Là encore sur un arbre mature ou en finitions, on adaptera la fertilisation en rallongeant la fréquence à 6 voire 8 semaines selon l’effet désiré et ce, afin de maîtriser la vigueur de la pousse.

Périodes de fertilisation

Il y a deux périodes de pousse pour les arbres, au printemps et à l’automne. Les deux autres saisons sont des périodes de ralentissement de l’activité, voire de dormance (à cause de la chaleur ou du froid), durant lesquelles l’engrais n’est pas aussi nécessaire, ou alors en plus faibles quantités. S’il est une période à ne surtout pas rater pour fertiliser un arbre, c’est l’automne, notamment car il permet d’augmenter la résistance au froid des arbres et de les aider à la mise en réserves des nutriments pour le démarrage au printemps suivant. Donc si vous ne devez n’apporter de l’engrais que quelques fois dans l’année, privilégiez toujours au moins les trois mois d’automne.

Au printemps, les bonsai démarrent grâce aux réserves qu’ils ont faites l’année précédente grâce à la photosynthèse et aux apports d’engrais. En aucun cas un arbre ne démarrera sa pousse de printemps avec l’engrais que vous venez de lui mettre ! L’engrais servant à prolonger et soutenir la pousse, tout apport au printemps ne devrait donc pas intervenir avant que les bonsaïs aient commencé à pousser franchement et à puiser dans leurs réserves. En mettre trop tôt dans la saison revient à gaspiller votre produit, qui ne sera pas utilisé de toute façon, et favorise les fortes attaques de pucerons. D’autant plus qu’il est convenu qu’un engrais organique ne commence vraiment à se dégrader qu’à partir de 18 à 20°C et avec une certaine activité microbiologique dans le pot, ce qui est rarement le cas en février ou en mars, en tout cas en France.

Pour les arbres fraîchement rempotés, il convient de leur laisser un bon mois avant tout apport d’engrais, afin de laisser le temps aux racines de se régénérer et de remplir correctement leurs fonctions.

Plus généralement, en plus de la photosynthèse, trois apports d’engrais avant l’été suffisent amplement à recréer les réserves de l’arbre donc vous pouvez apporter de l’engrais en avril, mai et juin par exemple, si vous êtes dans la configuration de trois à quatre semaines d’intervalle. A réduire à deux apports un peu plus espacés pour des arbres matures installés ou à ramifier. Même principe pour septembre, octobre, novembre et même décembre (selon les régions).

Il est également possible, et même souhaitable, de continuer à apporter de l’engrais en petites quantités l’été mais les fortes chaleurs ont tendance à faire sécher les boulettes ou granulés avant qu’ils ne fermentent ; si bien qu’ils ne servent à rien. Basculer sur un léger apport d’engrais liquide peut être un bon compromis pour soutenir l’arbre.

Cas de l’engrais liquide

Pour ce qui est de l’engrais liquide, à moins d’être utilisé à chaque arrosage, il s’avère qu’il est trop vite lessivé par les arrosages pour être vraiment utile à l’arbre. Toutefois, il peut être intéressant au début du printemps pour les bonsai en développement que l’on veut fertiliser intensivement, car il sera absorbé de façon plus rapide que l’engrais organique solide, qui, lui, devra attendre une certaine température dans le pot et le réveil des micro-organismes du sol. De même lors de printemps frais et/ou pluvieux, durant lesquels les températures restent basses jusqu’à tard dans la saison, ne permettant pas une bonne fermentation des engrais solides.

L’engrais pour bonsai liquide est également pratique pour celles et ceux qui rencontrent des soucis avec les animaux, notamment les oiseaux, qui sont attirés par l’engrais organique. Durant la période des “attaques”, plutôt que de se battre avec eux, il peut être intéressant de remplacer l’engrais solide par du liquide. Nourrir les oiseaux dans le jardin, et leur éviter de chercher de la nourriture dans les pots peut également être un bon compromis à la cohabitation.

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