Comment bien arroser un bonsai ?

Comment arroser un bonsai pour garantir sa survie et même sa santé dans un contenant restreint ? L’arrosage est l’étape la plus importante de ce long et sinueux chemin qu’est l’apprentissage de la pratique du bonsai, notamment parce qu’il est notre plus grande responsabilité vis-à-vis de nos bonsai. Et avant de voir comment arroser, il faut déjà surtout comprendre pourquoi on arrose car, comme toujours, répéter des gestes systématiques sans les comprendre ne vous permettra pas d’évoluer dans votre pratique, ni d’amener vos arbres à leur meilleur potentiel.

Les rôles de l’eau

L’eau relie les racines au feuillage et représente une partie importante du système de distribution des sucres qui l’alimentent. Un de ses rôles est donc de transporter et fournir des ressources et des hormones dans tout l’arbre, entraînant l’activité métabolique qui induit sa croissance. 

D’autre part, lorsque l’on se penche sur les mécanismes internes des arbres, on comprend que l’arrosage ne sert pas uniquement à apporter de l’eau à l’arbre, loin de là. Ainsi, arroser un bonsai, on l’a vu d’autre dans l’article “comment fonctionne un bonsai?“, c’est l’aider avant tout à se thermoréguler. 85% de l’eau lui sert en effet à se rafraîchir en l’aidant à transporter la chaleur dans les molécules d’eau puis à l’évacuer lors de la transpiration. Les 15% sont utilisés pour les fonctions métaboliques.

Mais arroser un bonsai, c’est aussi apporter de l’oxygène à ses racines. En effet, on l’a vu pour le substrat et le rempotage, les bonsaïs ont besoin d’un bon équilibre air/eau dans le sol, le bon équilibre étant différent pour chaque espèce et pour chaque arbre selon sa maturité ou sa santé. Un bon sol doit donc être bien drainé pour que les racines puissent obtenir l’oxygène nécessaire à leur respiration une fois que l’eau d’arrosage est évacuée, mais suffisamment rétenteur pour qu’elles puissent y puiser l’eau nécessaire à la vie de l’arbre et les nutriments qui y sont dissous. C’est d’ailleurs l’un des autres rôles de l’eau d’arrosage que de permettre la dissolution des nutriments apportés par les engrais pour leur mise à disposition au niveau racinaire. Nous cultivons ainsi volontairement les bonsai dans des substrats granuleux permettant de créer des espaces interstitiels entre chaque grain. S’il est bien cultivé, dans ces espaces, le bonsai trouvera tout ce dont il a besoin.

L’eau hydrate donc les cellules de l’arbre, refroidit son tronc et ses feuilles, devient du sucre pour le nourrir et fournit des ressources pour sa survie. En comprenant la fonction de l’eau en tant que mécanisme de refroidissement, de métabolisme et de transport, nous pouvons mieux comprendre comment cultiver les bonsai pour une santé optimale.

Sans eau, l’arbre meure d’accumulation de chaleur avant de succomber à la déshydratation. L’arrosage des bonsai est donc un enjeu bien plus subtil que de simplement “donner à boire” à l’arbre parce qu’il a “soif” et doit répondre très précisément aux besoins et mécanismes de chaque arbre individuellement, et du coup, devrait vous amener à une certaine réflexion sur votre pratique.

Quand arroser ?

Pas plus qu’il n’y a de fréquence fixe, on ne peut établir d’heure fixe ou autre systématisation rassurante ou arrangeante pour nous. Le bon jour ou la bonne heure pour arroser c’est quand l’arbre en a besoin. Et le bon jour ou la bonne heure pour réarroser, c’est quand il en a de nouveau besoin. Cela peut être quelques heures plus tard, ou quelques jours plus tard selon les moments de l’année.

Ça, c’est dans l’idéal. Pourtant, beaucoup partent au travail le matin, pour ne revenir que le soir, et n’ont d’autre choix que d’arroser à heure fixe et quand ils le peuvent. Le tout est toujours d’essayer de faire au mieux possible et d’adapter au maximum les espèces utilisées, les tailles des pots et les substrats et leurs granulométries, pour qu’au moins il n’y ait pas d’arbre en souffrance sur les temps sans arrosage.

Pour savoir quand arroser, ou pas, l’expérience des années est la meilleure des alliés. Il est toutefois des points clés à connaître et maîtriser. Principal indicateur qui vous vient à l’esprit en premier, c’est forcément le taux d’humidité du substrat. C’est bien quelque chose qui est à vérifier tous les jours, voire plusieurs fois par jour sur les journées très chaudes. Mais en fait, la décision d’arroser ne dépend pas que du fait que le substrat ait commencé à sécher en surface ; c’est évidemment un point à surveiller, mais pas que. En voici d’autres :

– Comme on l’a déjà vu, plus un arbre a de feuillage, plus il consomme d’eau. Donc inversement, sur un arbre présentant peu de feuillage, soit parce qu’il est faible, soit parce qu’il a été travaillé (défoliation, désaiguillage), un substrat commençant à sécher ne sera pas forcément un indicateur de besoin immédiat en eau.

La taille du pot ainsi que les substrats utilisés et leur granulométrie sont autant de facteurs importants à prendre en compte pour arroser ou non. Un arbre dans un pot profond avec 100% d’akadama pourra patienter plus longtemps que dans un pot moyennement profond en 100% pouzzolane par exemple.

Les facteurs extérieurs tels que le degré d’humidité dans l’air, l’ensoleillement, la température, le vent, la pluie, le gel ou encore l’exposition, déterminent eux aussi la décision d’arroser. Un substrat qui commence à sécher sur une journée où l’hygrométrie ambiante est importante ne nécessitera pas forcément un arrosage.

– Enfin, comme vu plus haut, les espèces et leurs besoins en eau, tout comme leurs facultés, très variables, à supporter ou apprécier un manque d’eau, sont à prendre en compte pour chaque arrosage.

Pour ce qui est de l’heure, là encore, dans l’idéal, la bonne heure c’est celle où l’arbre a besoin d’eau. Pour ma part, parce que c’est mon métier, je passe matin, midi et soir, et j’arrose chaque arbre à la demande. Si vous travaillez à l’extérieur et n’avez pas ce “luxe”, un arrosage le matin est à privilégier afin que les arbres ne restent pas humides toute la nuit.

L’eau au fil des saisons

Quelques moments de l’année sont toutefois à surveiller d’un peu plus près et demandent globalement un arrosage plus abondant, ce sont les journées de vent sec, les périodes de gelées et le printemps, qui est la saison la plus consommatrice en eau. En effet, lorsque les arbres se concentrent sur la production de masse foliaire, leurs besoins en eau augmentent considérablement. Ils perdent l’excès d’eau lors des processus de transpiration qui sont multipliés par la nouvelle masse foliaire, l’augmentation des températures et l’apport d’engrais, tout en transportant les nutriments stockés provenant de la photosynthèse et de la fertilisation.

A l’inverse, attention à l’été, qui, contrairement aux croyances, n’est pas forcément la période où l’on arrose le plus. Les processus des arbres sont ralentis, voire stoppés, par les fortes chaleurs et par l’épaississement des feuilles et des aiguilles, qui, pour se protéger des UV et de la sécheresse, perdent moins d’eau. Avec les températures élevées, les arbres ralentissent leur fonctionnement et peuvent ne pas avoir besoin d’eau au niveau de la motte. Il est donc absolument primordial de résister à la tentation d’un arrosage systématique de tous les arbres, même ceux encore mouillés, provoquant un substrat détrempé en permanence et chauffé par le soleil. Le risque de mort et de pourriture des racines devient alors très important.

Enfin, l’hiver est une saison largement sous-estimée par nombre d’amateurs en matière d’arrosage, au détriment des arbres qui meurent bien plus souvent d’un manque d’eau que des conséquences du froid. Même si on n’a moins envie de sortir au jardin, il est crucial de maintenir une surveillance des arbres tout l’hiver et d’arroser régulièrement, particulièrement les arbres persistants qui continuent à fonctionner malgré la dormance ; d’autant plus avec ces hivers de plus en plus chauds et secs que nous avons. D’autre part, il est important de bien arroser après un épisode de gel, l’eau dégelée s’évaporant sous forme gazeuse, peut laisser la motte complètement déshydratée.

Comment arroser ?

Un bon arrosage consiste donc à apporter ou à renouveler l’air et l’eau dans le pot et à rafraîchir l’arbre et son environnement direct, ce qui est nécessaire à l’équilibre vital du bonsaï.

Pour cela, un arrosage abondant et sous pression est ce qui apporte le meilleur type d’arrosage. Ainsi, un pistolet d’arrosage branché sur un tuyau, ou une lance d’arrosage spécialement étudiée pour créer une pluie fine mais abondante, donneront les meilleurs résultats en terme d’arrosage.

Si vos conditions de culture le permettent, mieux vaut bannir autant que possible l’arrosage à l’arrosoir, qui ne permettra pas une bonne oxygénation du substrat par le manque de pression engagée. Evitez également absolument l’arrosage par trempage, sauf s’il n’y a plus aucune autre solution pour réhydrater la motte.

Le pistolet, ou douchette, a en outre l’avantage de pouvoir être fermé entre deux arbres. En dehors des économies d’eau évidentes, cela permet de n’arroser que les bonsai qui en ont réellement besoin et d’adapter la quantité d’eau à chaque pot individuellement. C’est particulièrement important car les arbres n’ont pas tous les mêmes besoins au même moment et il faudrait, dans l’idéal, ne pas arroser ceux qui n’ont pas besoin de l’être.

L’arrosage en pluie fine mais puissante, permet d’apporter de l’oxygène tout en expulsant l’air déjà consommé retenu dans le substrat. En arrosant abondamment, les interstices entre les grains vont se remplir d’eau et d’air et chasser l’ancien, ainsi que les sels minéraux accumulés.

On veillera donc à toujours arroser les bonsai à fond, jusqu’à ce que l’eau s’écoule franchement par les trous de drainage du pot, puis à attendre que le substrat ait commencé à sécher pour arroser de nouveau (en fonction de tous les autres facteurs vus plus haut). Ne pas hésiter à repasser une deuxième fois quelques minutes après pour parfaire l’arrosage des arbres qui auraient un substrat un peu moins drainant et vérifier que toutes les zones du pot sont uniformément arrosées, sans zone oubliée.

Pensez également, notamment pendant les périodes très chaudes, à arroser tout l’environnement de l’arbre, pot, étagères, sol sous les étagères, murs, etc… Encore une fois, il s’agit plus de rafraîchir que de “donner à boire”. Prenez soin toutefois d’éviter de mouiller le feuillage, sauf cas spéciaux.

Quelle eau pour arroser ?

En ce qui concerne l’eau en elle-même, il est évident que de sa qualité dépend la santé de vos arbres. Un pH en déséquilibre important peut considérablement bloquer la pousse. Idéalement, celui de votre eau d’arrosage devrait se situer entre 6.2 et 6.5. Dans la réalité, il n’est pas toujours si simple de garder le contrôle total sur la qualité de l’eau. Dans la plupart des villes de France, celle du robinet est plus que satisfaisante pour arroser. Selon les situations, elle peut demander quelques réglages grâce à des produits régulateurs de pH ou un filtre à charbon.

Bien sûr l’eau de pluie est à priori ce que l’on peut offrir de mieux à nos arbres. Attention toutefois aux modes de récupération de celle-ci. Dans les grandes villes, l’eau qui arrive du toit et des gouttières peut être particulièrement polluée. D’autre part, une cuve mal maîtrisée (orientation, renouvellement de l’eau) peut entraîner un problème de développement d’algues auquel il faut rester très vigilants.

La pluie

En parlant de pluie, un arrosage naturel lors d’une journée ou saison pluvieuse est parfait pour les arbres à conditions que ce soit une pluie importante. N’abritez pas vos arbres de la pluie, cela n’est pas nécessaire, en dehors des cas où le substrat est très mauvais et peu drainant, ou pour un arbre faible et en état de stress important.

Par contre, vérifiez toujours s’il a suffisamment plu pour remplacer un arrosage manuel. En effet, certaines pluies ne sont pas suffisantes et surtout, certains arbres recouvrent leur pot avec leur propre feuillage et peuvent n’avoir quasiment pas reçu d’eau au niveau du substrat. C’est ainsi qu’il faut particulièrement se méfier à l’automne et en hiver des petites pluies qui n’arrosent pas forcément en profondeur.

L’arrosage automatique

S’il est pratique pour les périodes d’absence, l’arrosage automatique ne devrait jamais remplacer un arrosage manuel au quotidien, d’une part parce qu’une des grandes fonctions de l’arrosage et de vérifier l’état sanitaire des arbres tous les jours, mais aussi parce qu’il ne permet par réellement un remplacement efficace de l’eau et de l’air dans le pot. Enfin, chaque arbre devrait être arrosé individuellement, ce que ne permet pas un arrosage automatisé.

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