Pourquoi et comment défolier un bonsai ?

Défolier un bonsai est une technique que l’on applique aux feuillus (caducs et persistants) et qui consiste à supprimer partiellement ou totalement les feuilles de l’arbre.

Pourquoi défolier un bonsai ?

Défolier un bonsai permet avant tout d’unifier la force sur toutes les branches de l’arbre, de répartir l’énergie pour que les branches un peu moins fortes, voire faibles, bénéficient des mêmes chances que les autres. Cette technique est donc à associer en même temps à une taille afin de renforcer le rééquilibrage des différentes forces.

La défoliation du bonsaï engendre la stimulation des bourgeons à l’arrière, les faibles comme les latents, et permet donc de travailler la ramification. Elle permet également l’entrée de l’air et de la lumière à l’intérieur de l’arbre, et un meilleur dégagement de l’oxygène produit par son fonctionnement.

Enfin, en diminuant la masse foliaire, on va diminuer l’énergie et le stockage d’énergie, si bien que l’année suivante le démarrage du bonsai sera moins fort et autorisera le travail sur une ramification de plus en plus fine.

Quels arbres ?

La défoliation peut s’appliquer à tous les feuillus, qu’ils soient caducs, persistants ou tropicaux. Elle a cependant peu de sens sur certains arbres, comme les ormes par exemple, qui ont naturellement de très petites feuilles et bourgeonnent facilement.

Au-delà de l’espèce, il s’agit surtout de savoir pourquoi on applique cette technique. Elle concerne les bonsaïs que l’on veut faire ramifier, donc qui ont déjà une structure établie d’une part, et elle concerne les bonsai qui sont en état d’être travaillés donc en pleine forme, avec une pousse forte et saine et la capacité énergétique pour répondre à ce qu’on leur demande. Sans ces paramètres, cette technique est à reporter à plus tard, quand l’arbre sera prêt.

Défoliation partielle

Il s’agit de supprimer les 2/3 du feuillage de votre bonsai, en coupant les feuilles pour en réduire la surface.

Pourquoi 2/3 ? Parce que si on ne supprime pas suffisamment de feuillage et qu’il reste à l’arbre de quoi fonctionner pour le reste de la saison sans avoir à reproduire une nouvelle pousse pour satisfaire ses besoins en photosynthèse, l’opération ne donnera aucun résultat, du moins dans la production directe de nouvelles feuilles. Les bénéfices ne seront alors visibles qu’au printemps suivant.

En coupant 65 à 70% de la masse foliaire, l’arbre aura besoin de recréer de nouvelles feuilles et de réveiller d’autres bourgeons ; c’est ce qu’on attend de lui.

La défoliation partielle consiste à plier chaque feuille en deux dans le sens de la largeur puis de couper en biais de sorte à laisser une partie plus ou moins pointue en bout, selon la forme des feuilles de l’espèce à défolier. S’il y a des feuilles naturellement plus petites ou des branches plus faibles que les autres, dans ce cas, on n’y touchera pas.

Sur les érables, on coupera une feuille sur deux au niveau des pétioles et on coupera les plus grandes feuilles en deux, ce qui permettra d’arriver plus ou moins à la même proportion de défoliation.

Défoliation totale

Cette technique consiste à supprimer la totalité des feuilles du bonsaï en les taillant au niveau du pétiole. Elle engendrera alors l’apparition de nouvelles feuilles, plus petites, et d’une ramification plus fine avec des entre-nœuds plus courts.

Cela coûte néanmoins beaucoup plus d’énergie à l’arbre qui, s’il n’est pas en pleine forme, peut perdre des branches entières, voire mourir si l’opération est répétée trop souvent. La défoliation totale est donc à pratiquer en toutes connaissances de cause et avec parcimonie. Contrairement à la précédente, elle ne peut être renouvelée tous les ans et devrait être évitée l’année d’un rempotage.

Précautions

Bourgeons : Cela peut paraître bête mais pour favoriser les bourgeons intérieurs, cela suppose évidemment qu’il y ait bien des bourgeons à réveiller à ce moment-là. Si un arbre est dans une phase où il ne bourgeonne pas en arrière naturellement, il est très important de lui laisser toutes ses feuilles, et ainsi toutes ses ressources, jusqu’à ce qu’il soit en capacité de créer lui-même ce bourgeonnement, sans quoi la technique risque simplement de l’affaiblir encore plus.

Taille : La défoliation devrait être associée à une taille pour répartir la vigueur de manière égale dans toutes les branches, sans quoi elle ne portera pas vraiment ses fruits et ne favorisera pas les branches faibles. A la taille en vert à deux entre-nœuds, il est important d’associer la réduction du feuillage si les deux ou quatre feuilles laissées sont suffisamment grandes pour que l’arbre ait assez de ressources pour l’année et n’ait pas besoin d’initier une seconde pousse. Si les feuilles laissées sont déjà petites, il devra faire cet effort et alimenter de nouveaux bourgeons et la défoliation ne sera pas nécessaire.

Engrais : Le but étant d’affiner et de contrôler l’énergie, on prendra soin de ne pas apporter d’engrais au bonsai pour supplémenter la nouvelle pousse, sans quoi l’opération n’aura servi à rien. On veillera également à ne pas trop forcer la fertilisation à l’automne pour ne pas engendrer un démarrage trop fort au printemps, ce qui serait contre-productif pour la ramification.

Taille de structure : Dans la même idée, si on a travaillé avec ces techniques pour affiner la ramification, il est important d’éviter une taille de structure drastique avant le démarrage au printemps suivant car cela favorise un redémarrage fort, toute l’énergie allant vers les seuls bourgeons laissés. Au contraire, laisser l’arbre démarrer avec le maximum de branches et de bourgeons permet de diviser d’autant la vigueur de la première pousse.

Exposition : Des feuilles, pousses ou branches n’ayant jamais reçu de soleil direct vont se retrouver très exposés aux brûlures, n’ayant pas les défenses nécessaires pour s’en protéger. Il est donc important de déplacer les arbres fraîchement défoliés à la mi-ombre pendant quelques semaines sous peine de brûlures sévères.

Arrosage : La surface de feuillage étant très réduite, il conviendra de réduire tout autant l’arrosage le temps que l’arbre redemande plus d’eau. Cela s’applique aussi à la pluie donc une mise hors pluie est à favoriser au maximum des possibilités.

Automne : Défolier un bonsai est une manière de baisser volontairement l’énergie de l’arbre pour l’affiner. Pour les caducs, veillez toutefois à ne pas enlever les feuilles à l’automne, et à laisser les arbres faire des réserves autant de temps que nécessaire pour eux, sans quoi vous risqueriez un affaiblissement plus important que celui voulu.

Substrat : Pour arriver au meilleur résultat possible en terme de ramification, il est également important de penser à adapter le substrat, soit un substrat qui va permettre une ramification racinaire fine (l’akadama est sans conteste idéale pour ça) et une granulométrie en conséquence.

Quand ?

Après que les six à huit premières feuilles, ou paires de feuilles, soient devenues matures (entièrement ouvertes, plus épaisses, plus foncées).

Il est presque impossible de donner une date précise tant il y a de variations selon les climats et les espèces. Selon chaque bonsai et chaque localisation, ces travaux s’étaleront globalement d’avril à fin juin. D’autant que la défoliation partielle peut être pratiquée plusieurs fois sur cette période si nécessaire (sur arbre avec une forte réponse uniquement, comme l’érable de Buerger ou le cerisier de Sainte-Lucie).

Comme pour toutes les techniques en bonsai, il y a évidemment des nuances, des contre-indications, des cas à part, qu’il est impossible d’aborder ici. L’observation du bonsai, la compréhension très claire de ce que l’on cherche à obtenir avec chacune des techniques et l’expérience sont tout aussi importants, si ce n’est plus, que les connaissances techniques.

 

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