Rempoter un bonsai est-il indispensable ?

Rempoter un bonsai est une technique primordiale à sa santé. Le rempotage est un sujet extrêmement vaste, difficile à aborder en un seul écrit mais il est surtout très important, avant de rentrer dans les détails techniques, de comprendre pourquoi on le fait.

Le rempotage est une des techniques les plus importantes à comprendre et maîtriser pour la culture et la formation des bonsaï car c’est un moment très important dans l’évolution de l’arbre, pendant lequel on peut vérifier l’état et la santé de ses racines. Si nous laissions un arbre sans rempotage et dans le même substrat pendant trop longtemps, les racines rempliraient totalement le pot, empêchant l’eau et l’air indispensables à leur survie d’y circuler. Ne resteraient alors, dans le meilleur des cas, que quelques racines très fortes et grosses et un arbre profondément affaibli, ce qui est exactement l’inverse de ce qui est recherché dans la pratique du bonsaï.

Pourquoi rempoter un bonsai ?

Rempoter un bonsai sert donc à renouveler le substrat et à tailler les racines afin de leur permettre de se développer sainement, et ce dans un espace très restreint. Grâce au rempotage, l’eau et l’air recommenceront à circuler et à répondre aux besoins des racines en oxygène, en eau et en minéraux. Elles en seront ainsi revigorées et rajeunies, augmentant de fait leur activité et donc la vigueur du bonsai.

La fréquence de rempotage change d’un arbre à l’autre, en fonction de sa variété, de son substrat, des dimensions du pot, du stade de culture ou encore de sa vigueur. Ainsi, les racines des arbres à feuilles caduques poussent plus vite et nécessitent des rempotages plus fréquents, de même pour un arbre jeune par rapport à un arbre plus âgé et déjà installé en pot. On considère généralement que les feuillus demandent des rempotages tous les deux à trois ans; cinq à sept ans pour les conifères.

Quoi qu’il en soit, nous avons tendance à trop rempoter nos bonsai. Chaque cas et chaque arbre étant différents, retenons simplement qu’un bonsai a besoin d’un rempotage lorsque son pot est complètement rempli de racines, ce qui créé un déséquilibre au niveau de l’eau et de l’oxygène disponibles. L’arbre peut lui aussi nous indiquer qu’il manque d’oxygène ou qu’un déséquilibre s’est installé dans le pot ; une baisse de vigueur ou un jaunissement du feuillage sont autant de signes à surveiller.

Parfois on pourra pourtant rempoter pour des besoins différents, par exemple pour changer de pot, modifier la face ou l’angle de plantation, ou encore après une taille de mise en forme drastique pour équilibrer le système racinaire avec le système aérien. Rempoter permet également de travailler sur le nebari, la base de l’arbre et son ancrage racinaire dans le sol étant des points esthétiques très importants.

En fin de compte, l’arrosage est la meilleure façon de savoir quand un arbre a besoin d’un rempotage. Si l’eau a du mal à pénétrer dans la motte et si le drainage n’est pas correct, il est important de vérifier l’état racinaire et, si besoin, de rempoter afin de renouveler la circulation de l’air et de l’eau dans le pot.

La technique du surfaçage des bonsai

Pour autant, on peut aussi rencontrer ce problème de drainage lors de l’arrosage sans que la période ne soit propice à un rempotage en bonne et due forme, ou parfois, sans que le manque de vigueur de l’arbre ne le mette en danger.

S’il y a un problème de drainage, le mieux est de rempoter l’arbre. Si ça n’est pas possible, la solution du surfaçage est un excellent moyen pour gérer la bonne santé des racines des bonsai, tout en espaçant les rempotages. En effet, dans de nombreux cas, seule la couche supérieure du substrat (1 à 2cm) présente en fait un défaut de drainage, dû en grande partie aux déchets de décomposition des engrais et à la désagrégation des grains qu’entraînent l’arrosage sous pression, l’air et le soleil (d’où l’intérêt d’utiliser de la mousse et de la sphaigne).

Très compacte et ne laissant pas passer l’eau, cette partie du substrat peut tout à fait être renouvelée sans effectuer un rempotage complet; cette technique permettant de travailler hors saison, d’espacer les rempotages ou de permettre à un arbre faible de reprendre la vigueur nécessaire à un vrai rempotage.

Pour ce faire, sans dépoter votre bonsai, décompactez la couche superficielle de substrat à l’aide d’une baguette en bambou. En douceur et en allant toujours dans le sens des racines, supprimez la terre et éventuellement les racines superficielles, souvent mortes par asphyxie à cet endroit, sur un à deux bons centimètres d’épaisseur, plus si nécessaire.

Si seule cette première couche était la cause du problème de drainage, bien souvent vous rencontrerez à un moment donné une couche au niveau de laquelle les grains de substrat seront restés parfaitement intacts et opérationnels. A partir de là, il n’est évidemment plus besoin de gratter pour ne pas déranger les racines. Rincez abondamment au jet d’eau (en veillant à ne pas le mettre trop fort bien sûr) tous les résidus de l’ancienne terre et des racines mortes avant de redisposer soigneusement un substrat propre et tamisé, de même composition et de même granulométrie que celui laissé plus bas. Après un bon arrosage, vous constaterez un retour à un drainage optimal et ce sans avoir impacté les racines saines.

Cette technique est particulièrement utile pour les arbres faibles qu’un rempotage pourrait affaiblir encore plus, mais aussi pour les conifères qui n’apprécient pas vraiment que l’on touche à leurs racines, notamment les pins qui y stockent une grosse partie de leur énergie. Afin d’espacer leurs rempotages tout en préservant l’aération du substrat nécessaire à leur bonne santé, un surfaçage tous les deux ans peut être une excellente technique à intégrer dans vos habitudes de culture.

Qu’en est-il du transpotage ?

Parfois, sur les bonsaïs achetés en jardinerie notamment, surfacer peut s’avérer impossible tant le substrat est compact sur toute la motte. Si la saison n’est pas non plus au rempotage, il peut être très compliqué de cultiver et d’arroser ces arbres. On conseille souvent alors de les transpoter, c’est à dire, sans toucher à leur motte, de les passer dans un pot plus grand en rajoutant un nouveau substrat autour. Cette technique a quand même des inconvénients majeurs car il est alors impossible de surveiller l’hydratation réelle de la motte d’origine. Deux substrats différents veut dire aussi deux vitesses de séchage différentes, ce qui peut compliquer sérieusement l’arrosage et entraîner la mort de nombreuses racines, notamment près de la base du tronc. D’autant plus si le racinaire est déjà faible, pour x raison, et/ou si l’arbre a peu de feuillage, le passer dans un pot plus grand ne fera que compliquer l’arrosage encore plus !

Cette technique peut donc sauver des bonsai, elle n’est pas pour autant à généraliser…

Dans tous les cas, pensez toujours à vérifier le drainage de vos pots et, si nécessaire, à rajouter des trous là où l’eau stagne.

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