Arroser ou pas les feuilles des bonsai est une question récurrente qui divise les bonsaika. Le bassinage des bonsai, technique qui consiste donc à les arroser entièrement, tant au niveau aérien que racinaire, présente en effet des avantages comme des inconvénients, ce qui permet au moins d’affirmer qu’il doit être pensé et utilisé en toute connaissance de cause, sans systématisation – comme d’ailleurs tout ce que l’on fait en bonsai.
Comme toujours, la décision d’arroser ou non les feuilles est étroitement liée au climat de votre propre jardin ou balcon et le tout est de trouver ce qui fonctionne chez vous, pour vos arbres ; toutes les nuances ne peuvent être abordées ici, mais voici quelques pistes pour réfléchir à votre pratique.
Pourquoi arroser les feuilles des bonsai ?
C’est probablement la première question à se poser. Pourquoi ? Il peut s’agir, s’il on a un climat très sec notamment, d’humidifier l’atmosphère autour de l’arbre afin de limiter par exemple les effets desséchants d’un vent chaud et/ou sec qui aura tendance à faire sécher le feuillage, des feuillus caducs notamment.
D’autre part, sur un climat sec, les espèces d’acariens phytophages colonisent l’intérieur des feuilles des arbres et en sucent la sève, ce qui provoque le dessèchement et la décoloration des feuilles, tout en ralentissant la croissance. Les acariens n’aimant pas l’humidité, l’arrosage foliaire permettra également de lutter contre ces ravageurs, ennemis presque invisibles mais loin d’être anodins pour nos arbres, en intérieur comme en extérieur.
On pourra en outre utiliser l’arrosage du feuillage sur un arbre faible. Ce sera alors plutôt un arrosage par brumisation (pluie très fine) qui permettra de stopper la transpiration de l’arbre pendant quelques minutes, lui laissant ainsi le temps de faire remonter de l’eau dans ses tissus, faisant circuler la sève brute qui achemine les minéraux de bas en haut. Pour un arbre faible, et d’autant plus sur les conifères qui mettent plus de temps à faire circuler l’eau que les feuillus, la brumisation du feuillage le temps qu’il récupère un fonctionnement racinaire optimal est particulièrement indiquée, et ce jusqu’à plusieurs fois par jour.
De même, après une erreur d’arrosage, il peut-être intéressant d’utiliser cette technique le temps, là encore, que les racines récupèrent et se remettent à fonctionner normalement. Si votre bonsai a eu un gros coup de soif, arrosez une fois copieusement puis brumisez régulièrement, sans arroser, jusqu’à ce que le substrat sèche de nouveau. Plutôt que de noyer les racines en arrosant deux fois plus pour compenser, vous laisserez ainsi le temps à votre bonsai de se réhydrater en profondeur.
Inconvénients dus à l’arrosage du feuillage
Pour autant, l’arrosage de la partie aérienne de l’arbre n’est pas à systématiser, au risque de mettre en place des problèmes fongiques notamment. Ce type d’arrosage peut en effet créer et entretenir des conditions particulièrement favorables pour des champignons pathogènes. Suivant la météo et suivant la saison, mais aussi suivant votre localisation, le microclimat de votre lieu de culture et les espèces que vous cultivez, l’arrosage du feuillage doit donc être modulé, voire totalement arrêté. En l’occurrence, en dehors de périodes de forte sécheresse ou d’une attaque d’acarien, mieux vaut se contenter de n’arroser que le substrat et laisser le feuillage au sec. Nous avons à l’heure actuelle de moins en moins de moyens de lutte phytosanitaire, autant éviter de créer des problèmes là où il n’y en avait pas.
D’autant plus que, comme indiqué plus haut, la brumisation des feuilles permet de diminuer la transpiration de l’arbre durant un certain temps, ce qui stoppe du coup le processus de photosynthèse et donc de pousse. Systématiquement répété, l’arrosage foliaire peut ainsi ralentir la croissance des bonsais.
Enfin, en cas d’utilisation d’une eau dure et fortement calcaire, mieux vaut s’abstenir de bassiner vos bonsai afin d’éviter un dépôt de calcaire sur les feuilles, ce qui est non seulement disgracieux, mais surtout ralentit la photosynthèse.
L’arrosage au soleil
La brûlure des feuilles par l’effet loupe des gouttes d’eau est une vieille légende dont il est encore aujourd’hui très difficile de se débarrasser pour les jardiniers et autres cultivateurs. Arroser et bassiner les bonsai en plein soleil et au milieu de la journée ne pose pourtant aucun problème de brûlures et, au contraire, sur les chaudes journées d’été, peut être une technique à mettre en place pour abaisser la température interne des arbres et de leur environnement direct.
Cas des bonsai en intérieur
Pour les bonsaï cultivés en intérieur, le problème est un peu différent car, si les arbres à l’extérieur profitent naturellement de l’humidité atmosphérique et n’ont pas nécessairement besoin qu’on en rajoute, ceux en intérieur sont confinés dans un environnement sec qui ne correspond pas du tout à leurs besoins ; d’autant plus en hiver où les modes de chauffage assèchent l’air. En intérieur il est donc, au contraire, important de bassiner les bonsais le plus régulièrement possible, sans toutefois maintenir le substrat tout le temps humide, donc en veillant à ne mouiller que le feuillage. Attention dans ce cas à utiliser une eau à température ambiante afin d’éviter tout choc thermique.