Bien utilisée, la mousse peut être une alliée intéressante en bonsai. Elle fait pourtant peur et est souvent décriée parce qu’elle rend l’arrosage plus technique, ou encore parce qu’elle abrite de la vie.
Si vous débutez, si vous ne maîtrisez pas encore l’arrosage de votre bonsaï très précisément, et d’autant plus si vous cultivez dans un substrat type terreau, dans un premier temps mieux vaut apprendre tous les autres fondamentaux avant d’ajouter de la mousse ou de laisser celle qui s’est installée dans le pot.
Avantages de la mousse pour les bonsai
Pour autant, elle mérite un petit paragraphe à elle toute seule parce qu’elle construit tout un écosystème autour de l’arbre et permet de cultiver dans de meilleures conditions pour les bonsaïs.
A condition d’être utilisée sur un substrat maîtrisé, c’est-à-dire drainant et aéré, elle a en effet de nombreux avantages pour l’entretien des bonsai. En dehors de son aspect esthétique indubitable, elle permet dans un premier temps de stabiliser le substrat en surface ce qui, en plus de faciliter l’arrosage tout en gardant le maximum d’eau dans le pot, permet aux racines des bonsai de s’installer en haut du pot et à la surface. C’est ce qu’on recherche en bonsai car ce sont elles qui permettront d’élargir le nebari au fur et à mesure qu’elles se souderont. Avec un substrat qui bouge à chaque arrosage et la lumière directe du soleil, ces racines n’occuperont pas cet espace et c’est bien dommage.
En outre, la mousse permet de limiter la décomposition et le compactage de l’akadama en surface, dus à l’arrosage et au soleil, ainsi que l’évaporation et la perte d’eau, sans pour autant gêner la respiration du sol.
Naturellement, l’eau se répartit dans le pot avec une grosse partie qui reste dans le fond, dû à la gravité, et une autre qui reste en surface et s’y évapore. Au milieu du pot, il ne se passe pas grand chose, et c’est ce qu’on veut améliorer en utilisant de la mousse. En effet, en limitant l’évaporation par le haut, la mousse va permettre de répartir l’eau dans tout le pot, par capillarité, ce qui conduira à une meilleure répartition de fines racines dans tout le pot et sous la base du tronc, et limitera ainsi les chignons de racines agglutinées au fond des pots, à la recherche d’eau.
Enfin elle abrite tout un microcosme qui apporte de la vie dans le substrat et aide notamment à la dégradation des engrais et à l’installation des champignons mycorhiziens.
Mousse sur le tronc et les branches
A l’inverse, la mousse laissée sur le tronc et les branches peut poser problème, en maintenant trop d’humidité sur l’écorce notamment, ce qui peut entraîner pourriture et autres problèmes fongiques. Il convient de l’enlever régulièrement.
Pour les arbres à écorce fine tels les érables ou les azalées, l’utilisation d’une brosse plate en nylon, voire d’une vieille brosse à dent, convient parfaitement et permet de ne pas abîmer l’écorce. Pour des arbres à écorce rugueuse comme les pins ou les chênes, l’utilisation de vinaigre blanc (pur ou dilué dans de l’eau) donne de bons résultats, à conditions que la zone ne soit pas remouillée pendant un certain temps sinon la mousse reprend vite ses droits. Il convient donc de mettre les arbres ainsi traités à l’abri de la pluie et de ne pas mouiller l’écorce lors de l’arrosage.
Sous quelle forme ?
Outre les conditions d’exposition, où il peut être parfois nécessaire de ramasser des plaques de mousse et de les disposer dans les pots pour présenter les bonsaïs à leur meilleur avantage, il est préférable de la semer au printemps et de la faire pousser en harmonie et en osmose avec l’arbre. Ainsi, au lieu de boucher et d’étouffer le substrat, elle respirera avec lui.
L’idéal est donc de ramasser de la mousse, de préférence avec des fibres courtes et qui vit naturellement sur de la roche (sur les murs, murets, trottoirs, tuiles, etc…) et dans un premier temps de la faire sécher complètement. Une fois sèche, l’émietter sur un tamis pour en faire une sorte de poudre. Il est intéressant de préparer un mélange avec 50% de mousse de sphaigne. De la même façon, émietter la sphaigne sèche sur un tamis (en protégeant vos voies respiratoires car c’est assez irritant). Ses capacités étonnantes de rétention d’eau et d’aération, ainsi que ses nombreux minéraux apporteront un réel plus à l’opération. Disposer le mélange sur le substrat en fine couche et arroser ou vaporiser à l’aide d’un spray, puis laisser la mousse s’installer tranquillement en synergie avec l’arbre et le substrat.
Selon votre climat, si vous avez une longue saison de pluie à l’automne ou l’hiver, ou si vous avez des doutes pour l’arrosage ou sur la présence de potentiels champignons, le mieux est de retirer la mousse pour la saison froide et de la faire sécher pour la resemer au printemps.