Comment percer un pot à bonsai ?

Pourquoi donc percer un pot à bonsai me direz-vous ?!

Trouver le bon pot pour chaque bonsai peut parfois prendre des années, ou plusieurs rempotages. On peut alors être tentés de se tourner vers des pots d’occasion, pour leur patine, la beauté des vieux émaux, ou tout simplement leur prix. Oui mais voilà, bien souvent ces pots manquent cruellement de drainage et d’aération ou présentent un fond avec des creux et des bosses, ce qui peut mettre en danger les bonsaïs, notamment ceux qui n’aiment pas particulièrement avoir les “pieds dans l’eau”. Or la culture du bonsai est avant tout une histoire d’équilibre entre l’oxygène et l’eau disponibles pour les racines.

Voilà pourquoi il peut être important de percer les pots à bonsai. Voyons comment s’y prendre…

Pot plat vs. pot profond

Ce problème de drainage se retrouve sur énormément de pots, bien plus qu’on ne le croit, et ce même s’ils présentent déjà plusieurs trous de drainage, et même sur des pots relativement récents. Il faudrait en fait s’attarder sur le drainage de chaque pot avant d’y mettre un arbre dedans et percer les pots à chaque fois que nécessaire. Après vérification sur mes propres pots, environ 60% d’entre eux retiennent jusqu’à plusieurs millimètres d’eau dans le fond après arrosage ! Cela amène à s’interroger sérieusement sur la culture des bonsai.

Les pots plats ou peu profonds sont particulièrement à surveiller. Contrairement à la croyance, ces derniers drainent beaucoup moins vite et beaucoup moins bien que les pots profonds qui, par l’action de la gravité, sont plus vite ressuyés. Ce qui n’est pas le cas des pots peu profonds dans lesquels l’eau stagne facilement, ce qui peut bloquer sérieusement les arbres. Le diagnostic est alors bien souvent de se dire que le pot est “trop petit” ou que “l’arbre n’a pas assez de terre”, alors qu’en fait son pot peut juste retenir trop d’eau et demander un arrosage bien plus technique. Soyez donc particulièrement vigilants sur ces derniers et n’hésitez pas à percer le pot si besoin.

Rajouter des trous de drainage

Concernant les pots avec un seul trou central comme sur la photo, ils présentent deux inconvénients majeurs, celui d’un manque d’évacuation de l’eau d’arrosage et d’aération bien sûr, mais aussi d’un sérieux défaut d’efficacité au moment d’attacher solidement les arbres à leur pot. On peut d’ailleurs également rencontrer des difficultés pour attacher un arbre sur des pots déjà percés de plusieurs trous parce que, même s’ils sont déjà présents, les trous ne sont pas toujours idéalement placés pour tel ou tel arbre et ne nous permettent pas de l’attacher efficacement.

Vous avez trouvé un pot qui va parfaitement à votre bonsaï mais vous ne pouvez pas l’utiliser sans le mettre en danger ? Ceci n’est pas une fatalité ! Percer les pots à bonsai n’a rien de très difficile et il est tout à fait possible de leur offrir une deuxième vie en rajoutant des trous, que ce soit pour le drainage ou pour les attaches.

Technique pour percer un pot à bonsai

Dans un premier temps, l’idéal est de faire tremper le pot dans de l’eau pendant plusieurs heures/jours afin de saturer la terre en eau. Cela limite fortement les risques de fêlures et facilite très nettement le perçage, la terre étant rendue plus tendre. On peut toutefois travailler sur pot sec, en prenant soin de bien mouiller régulièrement la zone de perçage.

Ensuite, il ne vous prendra que quelques minutes pour rajouter autant de trous que vous le souhaitez, sans risques pour votre pot qu’il soit en terre cuite, en grès ou en porcelaine.

Enlevez le mode percussion de votre perceuse puis l’équiper d’un forêt diamant (ici de diamètre 18mm) de la taille que vous souhaitez. Selon les dimensions du pot et l’utilité des trous (drainage, attaches), adaptez le diamètre du forêt : 5 ou 6mm pour les trous des fils d’attache, 8 ou 10mm pour du drainage complémentaire sur des zones de stagnation par exemple, 18 à 25 pour les grands trous de drainage, selon la taille des pots.

Sur le pot toujours mouillé, appliquez avec le forêt un angle de 45° afin de faire une première entame dans la terre et de caler la position du trou. Commencez à faire tourner la perceuse doucement dans un premier temps, puis accélérez au fur et à mesure que vous redressez l’angle de percée jusqu’à une position verticale. Sans forcer mais en maintenant fermement la perceuse, accélérez jusqu’à ce que le trou soit terminé.

Travaillez de préférence sur une surface qui absorbera les vibrations. Si le pot se met à chauffer, ne pas hésiter à rajouter de l’eau au niveau du forêt autant de fois que nécessaire. Cela limitera les tensions ainsi que l’usure du diamant.

Les fonds de pot qui ne sont pas réguliers peuvent induire des pourritures de racines ou un blocage du développement de l’arbre. Positionnez les trous en fonction du besoin d’évacuation plutôt que de l’esthétique.

Ici, plusieurs gros trous de drainage ont été rajoutés pour un arbre qui aime être au sec, ce qui est parfois difficile à obtenir dans les Landes, même avec des substrats peu rétenteurs. A vous de l’adapter en fonction de votre objectif et de votre climat !

Attention, il est bien évident qu’un pot présentant déjà des défauts de structure (fêlures, son creux) présentera un risque. Pour autant j’ai percé de vieux pots fêlés sans qu’ils ne cassent jamais… mais c’est toujours un risque à prendre car mieux vaut un pot cassé qu’un bonsai mort. L’idéal est de s’entraîner sur des pots auxquels on ne tient pas avant de se lancer sur un pot de valeur.

A vous de jouer !